Essais (1580 - 1595), Montaigne
Introduction
C'est un texte tir� des Essais, oeuvre unique de Montaigne (1533-1592), � laquelle il s'est consacr� de 1570 � sa mort. Elle connaitra 3 �ditions: 1580, 1588, 1595. Un essai fait partie de la litt�rature d'id�e et utilise l'argumentation directe. L'auteur s'y exprime � la premi�re personne et d�veloppe une pens�e subjective qu'il d�fend et justifie. Mais cette pens�e est en formation, au fil des chapitres elle se d�veloppe, se pr�cise, �volue.
1er paragraphe : Il faut vivre selon la nature. Pour cela, il faut se consacrer pleinement � des activit�s raisonnable, utiles et agr�ables.
2nd paragraphe : Montaigne utilise deux exemples historiques (C�sar et Alexandre) de grands conqu�rants. Il montre que ces hommes auraient �t� sages s'ils avaient consid�r� leurs conqu�tes comme secondaires et leur vie d'homme priv� comme plus importante.
3�me paragraphe : Sous forme d'un dialogue entre les hommes et Montaigne. La plus grande t�che d'un homme est de m�diter et de prendre sa vie en main.
C'est un texte argumentatif form� de 4 paragraphes d�veloppant une th�se d�fendue (maxime du 4�me paragraphe, d�velopp�e dans le 1er, 3�me et 4�me) et une th�se r�fut�e (paragraphe 2)
Il d�finit un art de vivre: ne pas chercher la grandeur et les biens mat�riels mais le bonheur.
Plan:
I. L'�laboration d'une pens�e personnelle
II. La m�thode argumentative : la th�se r�fut�e
III. La position de Montaigne
I. L'�laboration d'une pens�e personnelle
Avec l'essai nous sommes dans la litt�rature d'id�es donc avec une argumentation directe. On note une ad�quation entre la premi�re personne et l'auteur. Tout part du �je�, �moi�. Il se contente d'exposer ses id�es, dans un itin�raire philosophique. Toutes les id�es sont issues de la premi�re personnes du singulier, r�currente.
Ses id�es sont fond�es sur sa vie quotidienne et intellectuelle. Je "vois" = je lis. Montaigne ma�trise le grec ancien et lis dans Vies parall�les de Plutarque les vies de C�sar et Alexandre, cela montre la vie intellectuelle de l'Humaniste.
Le temps de l'�criture est le temps du v�cu, on est dans le pr�sent d'�nonciation. La r�flexion part du "moi" mais dans un deuxi�me temps, elle s'�largit � "nous", pas seulement � ses lecteurs, mais � tous les �tres humains. C'est le c�t� altruiste de l'auteur. Puis, il formule des id�es de fa�on impersonnelle, universelle, par le "on". La r�flexion d'abord personnelle, puis limit�e a finalement l'ambition d'�tre g�n�rale.
La pens�e est �labor�e et �largie progressivement, avec une id�e de la pens�e en mouvement. Il n' y a pas de v�ritable construction philosophique, on �voque un point de vue personnel, non exhaustif.
II. La m�thode argumentative (la th�se r�fut�e par les 2 exemples)
Montaigne utilise deux exemples tr�s connus de conqu�rants antiques grec et romain, ce qui rentre dans l'esth�tique humaniste. Ils sont d�velopp�s dans une phrase assez longue et ont le prestige de l'anciennet�, que n'ont pas les exemples contemporains d'explorateurs comme Christophe Colomb, Vasco de Gama ou Magellan. De plus, ils montrent que Montaigne lit les textes anciens dans leurs langues originales.
Ces deux exemples servent � r�futer la th�se que combat Montaigne. Etant des conqu�rants, on imagine qu'ils ont pass� leur vie enti�re � cela.
L. 14, on voit une opposition entre �l� et �ci�, ainsi qu'entre �ordinaire� et �extraordinaire�, renforc�e par l'opposition l. 12-13 entre �vie ordinaire� et �violentes occupations et laborieuses pens�es�. Montaigne, en proposant ces exemples, montrent que ces grands hommes vivaient aussi. En effet, tout grands conqu�rants qu'ils �taient, ils n'ont pas oubli� qu'il fallait vivre (l. 10). Cependant, il ne faut pas rel�cher son �me, l� est la difficult� de bien vivre. Vivre pleinement est une t�che qui demande des efforts. Montaigne ne d�sapprouve pas les activit�s de C�sar et Alexandre, il les voit juste comme secondaires. Pour lui, la sagesse se trouve dans le fait de privil�gier la vie et ses plaisirs, plut�t que les grands desseins. L'exemple est complexe: vivre pleinement est un choix de la sagesse, et ne s'adonner qu'� la conqu�te ou � d'autres ambitions est le choix de la facilit�, paradoxalement.
Ces exemples permettent � Montaigne de pr�ciser sa pens�e et d'introduire sa th�se.
III. La position de Montaigne
a) Le dialogue
Pour exprimer sa th�se, Montaigne utilise un dialogue entre lui et nous, les hommes (Montaigne parle sans guillemets alors que les hommes avec). Montaigne porte d'abord un jugement sur les homme, qu'il qualifie de "grands fous", jugement p�joratif, avant de citer 2 devises des hommes, synonymes. Il y r�pond par une question rh�torique puis par une formulation typiquement latine (non solum sed etiam) pour insister sur �illustre� et �fondamentale�
La 2nde r�ponse se fait encore une fois par une question rh�torique et l'emploi d'un superlatif. Il n'y a pas de grande diff�rence entre les 2 �changes mais ce dialogue fictif permet de compl�ter l'id�e, de la concr�tiser et de varier la forme du texte.
b) La nature
La th�se de Montaigne est li�e � la Nature, elle s'appuie dessus. Cependant, la Nature n'est pas l'essentiel, elle est secondaire. Au XVIe si�cle, elle est la mesure de toute chose. (r�f�rence au monde antique). L. 5: "Nature a maternellement" montre que la Nature est la terre-m�re antique (Ga�a). Ainsi, il faut suivre sa r�gle, �ses r�gles� (l. 8), le pluriel accentuant l'importance de la chose. Les plaisirs naturels sont de plus n�cessaires et justes (l. 10, soulign� par �par cons�quent�)
La Nature est juste, n'a que faire de la situation social, permet de confondre besoin et plaisir, raison et d�sir. C'est une all�gorie, elle est comme id�alis�e, divinis�e par son r�le b�n�fique et sa majuscule.
c) La th�se
La th�se est formul�e ligne 25-26, puis g�n�ralis�e par la maxime qui r�sume la pens�e, le pr�sent de v�rit� g�n�rale et l'emploi du �nous�. L'homme doit suivre l'enseignement de la Nature: satisfaire des besoins naturels est un plaisir naturel, raison et d�sir poussent d'une m�me force � les satisfaire. Mais il doit aussi regarder ce qu'on accomplit les grands hommes. Les hommes doivent vivre pleinement mais chaque chose doit �tre mesur�e, il ne faut pas aller dans l'exc�s. Nos besoins doivent �tre raisonnables. Il faut inverser l'ordre des valeurs: r�gner, th�sauriser, b�tir passeraient au second plan tandis que vivre � propos, m�diter, r�fl�chir, prendre sa vie en main seraient nos priorit�s. Il faut profiter pleinement du moment, de ce que l'on vit: �Quand je danse, je danse� (l. 1, c'est la pens�e du Carpe Diem, �picurienne.
Conclusion
Pour �tablir ne pens�e personnelle, Montaigne s'appuie sur son exp�rience personnelle tir�e de sa vie et de ses lectures. Il propose une fa�on de vivre heureux: il faut vivre ses actions pleinement, vivre � propos, conform�ment � la loi de la Nature et ne pas se tromper sur les priorit�s: il ne faut pas accorder trop d'importance aux choses mat�rielles mais se concentrer sur sa vie d'�tre humain. Il inverse la hi�rarchie des valeurs. Les grands conqu�rants eux-m�me, ont su, mais pas assez, "raidir leurs �mes" pour vivre, seulement, et d�laisser les grandes ambitions. La pens�e de Montaigne est ici teint�e d'Epicurisme.
Humaniste :
Notion qui apparait au XVI�me si�cle suite aux conqu�tes, � la red�couverte des textes anciens, aux d�couverrtes scientifiques (r�volution copernicienne). Elle pr�sente un homme complet, � l'esprit ouvert � tous les sujets, qui va consulter les textes dans leur langues originelles. Il doit aussi privil�gier la r�flexion sur la m�moire (Renaissance VS Moyen-�ge) et ma�triser toutes les sciences. Cela pr�ne l'affirmation de l'individu, avec une vision ptimiste et positive de l'homme,s intelligent, libre, capable de progr�s. Leur fin est marqu� par les guerre de religions, � la fin du XVI�me.